
Rôle des traducteurs et interprètes assermentés au tribunal
27 décembre 2021
🙏 Merci à Adrian Guigue de Vosges Matin et à la SFT – Société française des traducteurs qui m’ont permis de contribuer à cet article consacré à nos collègues qui traduisent pour la justice, à travers des entretiens et le partage de ressources documentaires.
Extrait : L’exercice de neutralité du traducteur assermenté pour la justice
Installé à Saint-Dié-des-Vosges comme traducteur, formateur en langues et soutien scolaire pour l’anglais et le catalan, Laurent Bianchetti a, parmi ses différentes activités, ajouté une corde à son arc en 2018 : « Traducteur assermenté auprès de la cour d’appel de Nancy. » Comprenez que son travail de traduction est équivalent à ce qu’il fait habituellement, sauf que cette fois le texte à traduire est lié à la Justice. Il peut être amené à traduire « des documents pour des notaires, des avocats, le tribunal, des diplômes étrangers ou encore des tribunaux étrangers ».
Pour ce faire, il a « simplement » déposé un dossier auprès du tribunal d’Épinal et prêté serment. « Lorsque j’ai commencé comme traducteur indépendant en 2017, et que j’ai approché la Société française des traducteurs (syndicat professionnel, NDLR), des collègues m’ont appris l’existence des experts judiciaires », raconte Laurent Bianchetti.
Une branche particulière de ses activités. « On travaille seul, en confidentialité, pas de relecture et pas de copie. Il faut partir du texte et retirer les fioritures, pas de logo, ni de signature et garder la mise en page, le tout en noir et blanc », expose Laurent Bianchetti.
Pas de correction des fautes
Pour travailler, l’expert judiciaire s’appuie parfois sur des documents originaux pour préciser la nature du document, mais c’est le plus souvent à partir d’une copie qu’il travaille. Le Déodatien insiste sur le rôle neutre qui incombe au traducteur. « Quand je vois une faute, je n’ai pas le droit de la corriger, je dois laisser le mot tel quel et éventuellement le signaler ». Mais alors, comment traduit-il lorsqu’il se trouve face à un mot ou un concept qui n’a pas d’équivalent dans la traduc- tion ? « Dans ce cas, je peux mettre une note de traducteur, ou NDT, pour indiquer une explication du mot. » Autre contrainte : le format. Par exemple, « aux États-Unis ils n’utilisent pas le format A4 ».
Des copies sécurisées
Une fois le texte traduit, l’ouvrage de Laurent Bianchetti n’est pas tout à fait terminé. Il doit encore apposer ses deux tampons. Sur le premier figure la mention de « traducteur », son nom, la langue du document de travail et celle de la traduction. Sur le second tampon est indiqué « cour d’appel de Nancy ». Laurent Bianchetti appose alors ses deux tampons et sa signature sur chaque feuille de la traduction et sécurise sa copie en reliant le tout « comme avec un cachet » . Idem lorsqu’il s’agit de rendre une traduction par voie électronique… le traducteur a sa technique : « J’imprime et scanne la traduction papier puis je l’envoie. Elle peut être uniquement consultée en lecture seule, elle n’est pas modifiable, ni imprimable. » Cette manière de rendre une traduction n’est pas universelle : « C’est ma façon de travailler », précise le traducteur.
Adrian GUIGUE